Quand, dans les années 1990, Philippe Muray épinglait l’homo festivus et déplorait « les turbulences d’un nouveau stade childish de l’espèce » il pensait Mondial de foot, Fête de la musique, Homosexual Satisfaction, glisse, défilé de skateurs empêchant la mémé d’accéder à la gare Montparnasse… Ce néofascisme en rollers ou brief fluo hérissait l’intellectuel aux nerfs sensibles. À la même époque, son collègue Michel Houellebecq écrivait, de façon plus expéditive, dans le journal 20 ans : « Le however de fête est de transformer l’homme en animal. » Trente ans plus tard, quelle nouvelle « régression anthropologique » dénoncerait le visionnaire tabagique ! La rigolade collective 2020 ne consiste plus seulement à gigoter en bas résille sur un minibus ou à agiter des briquets dans un stade. Elle a pris un tour plus pétaradant, plus menaçant, plus brutal. Trottineurs fous, cyclistes hilares vous fonçant dessus aux feux rouges, teufeurs endiablés, lanceurs de pétards, raveurs défoncés, binge drinkers rodéos sauvages : l’homo festivus est devenu l’homo festivus agressivus.
Pourtant, toute sociabilité paisible n’est pas perdue. Parallèlement à cette hyperfestivité déréglée, on constate un engouement bien plus réjouissant pour une autre activité de rassemblement, le jeu de société, qui a enregistré une hausse de 83 % la première semaine du confinement (chiffres : NPD Group). Même avant le grand enfermement, la France était le premier marché des jeux de société et de puzzle d’Europe, avec un chiffre d’affaires de 578 tens of millions d’euros en 2019.
Accroître le sens logique
Porte-parole de JouéClub, Franck Mathais en rappelle les vertus conviviales et éducatives : « Ces activités à domicile permettent de réunir toute la famille autour de la desk, de resserrer les liens, mais aussi de sortir enfants et adolescents des écrans ! Les jeux de société, et il y en a pour tous les âges, instaurent des moments d’urbanité, que l’on peut répéter au fil des jours. Le plateau devient un lieu d’échanges qui participe à la socialisation mais aussi à la transmission. On le choisit selon les valeurs que l’on veut enseigner à son enfant. C’est un second d’écoute et d’accompagnement intergénérationnel. En un quart d’heure ou en une heure, le jeu permet de renouer le dialogue ! » Régi par des règles, il préfigure la vie en société. Recadre l’enfant tyran domestique, l’hyperactif, le rebelle contraint de respecter des hiérarchies légitimes. « Le participant apprend à perdre, à comprendre la tactique de l’autre et à réagir en conséquence. Sont évoquées des notions fondamentales comme la hiérarchie, la richesse, l’intelligence, la likelihood aussi. Jouer, c’est devoir se positionner par rapport à l’autre, combler un besoin de reconnaissance quand on fait un bon coup, gagner en confiance en soi, développer des raisonnements différents, résoudre des problèmes… »
On découvre sur le web site de la Fédération française du jeu de dames qu’enseigner ce jeu à l’école permet d’accroître le sens logique mais qu’il est aussi « un formidable outil de développement personnel », aux bénéfices multiples sur le plan intellectuel, ethical et social. Si les grands classiques participent toujours à la dynamique du marché comme le Monopoly (né en 1935, six ans après le krach de 1929), le Scrabble (depuis 1948), le Trivial Pursuit (« Quelques arpents de pièges » au Québec, son pays natal, en 1979) ou le Pictionary (première édition en 1985), l’offre se diversifie, notamment avec de nouveaux jeux pour adultes qui explorent des mécaniques inattendues. À côté des féroces batailles compétitives et des jeux de tueurs (comme les échecs) naissent des jeux « coopératifs », qui proposent non l’affrontement, mais l’alliance des members. Les joueurs s’associent pour parvenir à un objectif commun.
Popularisé par le best-seller Unlock ! (contrairement à ce que pourrait faire penser son nom, il est français), vendu à plus de un million d’exemplaires, le jeu d’évasion séduit également, talonné par le jeu d’humour, comme l’iconoclaste Blanc-manger Coco, qui caracole en tête des ventes. « Le meilleur jeu de l’apéro depuis 2014 » dixit le web site, encourage de nombreuses variantes. Encore plus cool : les jeux really feel good comme Totem, qui invitent à la bienveillance envers ses adversaires, et ceux fondés sur les jeux de mots et les associations d’idées, dont la star demeure Codenames, qui enregistre plus de 42 000 occurrences sur Instagram.
Il n’y a pas que le Scrabble ou le jeu de l’oie pour réunir petits et grands autour d’un plateau. Le marché des jeux de société est en perpétuel renouvellement. Sélection.
LE PLUS ROUTARD
Inspiré de la course car, ce jeu de société a été inventé en 1954 par Edmond Dujardin, alors éditeur de matériel pour auto-école. L’objectif ? Être le premier à atteindre 1 000 bornes. Cette année kind la model « inexperienced », de fabrication écoresponsable. À bord d’un véhicule (électrique), le joueur subit de nouvelles attaques comme un pic de air pollution. Covoiturage, panne d’électricité sont de la partie. 2 à eight joueurs, 30 min la partie, à partir de 6 ans.
Mille Bornes Inexperienced (Dujardin), 19,90 €. jeuxdujardin.fr
LE PLUS CLAUSTRO
Star des jeux coopératifs d’évasion, Unlock ! a remporté le prix As d’Or à Cannes l’année de sa sortie en France, en 2017. Le jeu consiste à résoudre des énigmes semées alentour, pour mieux s’échapper d’un manoir délabré, d’un sous-marin en manque d’oxygène, d’une île maléfique… 1 à 6 joueurs, 60 min la partie, à partir de 10 ans.
Unlock ! (Area Cowboys), 31,50 €. spacecowboys.fr
LE PLUS EXPRESSIF
Dérivé du jeu du chapeau, le jeu se déroule en trois manches. En un minimal de temps, le joueur doit faire deviner à son partenaire le plus de personnages doable, d’abord avec plusieurs mots, puis avec un seul, enfin par des mimes. Fous rires garantis. De four à 12 joueurs, 45 min la partie, à partir de 12 ans.
Time’s Up ! (Repos Manufacturing), 23 €.timesup-party.com
LE PLUS LEXICAL
Le joueur tire cinq dés de couleur et place les lettres apparues dans des instances aux couleurs correspondantes. Avec ses partenaires, il doit combler le plus vite doable les vides afin de créer cinq mots. L’équipe antagonistic bénéficie du même temps pour les deviner. four à 6 joueurs, 30 min la partie, à partir de eight ans.
Mots à gogo !, 22 €, chez JouéClub. puzzlemichelewilson.com
LE PLUS DGSE
Le joueur est soit un maître espion, soit un agent en mission. Pour retrouver sous quel nom de code se cachent ses informateurs, il écoute les indices donnés par les deux maîtres espions, tout en prenant garde à ne pas contacter un informateur ennemi ou même le redoutable murderer. La première équipe qui identifie tous les informateurs gagne la partie. De 2 à eight joueurs,15 min la partie, à partir de 14 ans.
Codenames (iello), 17,90 €.iello.fr
LE PLUS STRATÉGIQUE
Plus easy qu’un jeu de guerre classique, il mesure le coût d’une campagne militaire, comprend les mécanismes qui poussent les nations à investir dans leurs forces armées… Les pions de référence sont le canon, le cavalier et le soldat que les joueurs posent sur une carte politique stylisée du monde divisé en 42 territoires et six continents. De 2 à 6 members, 2 heures la partie, à partir de 10 ans.
Threat (Parker), 34,99 €
LE PLUS CONSTRUCTIF
On ne détruit pas, on construit ! La compétition consiste à bâtir un pâté de maisons en utilisant trois cartes Parcelle, une résidence, une école et un supermarché. Le premier joueur qui réussit à placer ses blocs de development sur l’ensemble des terrains et fait correspondre les bonnes cartes Parcelle par-dessus l’emporte. De 2 à four joueurs, 15 à 20 min la partie, à partir de 6 ans.
Metropolis Blox (Atalia) chez JouéClub, 24,99 €. atalia-jeux.com
LE PLUS ARTISTIQUE
Ce célèbre jeu au succès jamais démenti depuis sa création (1985) comble la fibre artistique de chacun. On doit faire deviner un mot, une expression ou une idée à son partenaire à l’aide d’un dessin dans un temps limité. De 2 à 16 joueurs, à partir de 7 ans, une heure la partie.
Pictionary, 34,99 €. fnac.com
LE PLUS INFRASTRUCTUREL
Encres végétales, vernis à base d’eau, cartons et bois issus des filières durables : un jeu récompensé par le ministère du Développement sturdy. Chaque participant, à la tête de son pays, dispose d’argent, d’énergie et de ressources sociales pour se développer. Mais catastrophes naturelles et conflits armés guettent, sans parler de l’influence écologique à surveiller. La partie se termine lorsqu’un joueur a installé 10 infrastructures. De 2 à 12 joueurs, 45 à 90 min la partie, à partir de 10 ans.
Terrabilis (Sly Frog Video games), 34,99 € chez JouéClub.jeu-terrabilis.com
LE PLUS BISOUNOURS
Les joueurs se révèlent mutuellement leurs forces et leurs qualités en formant des totems, combinaisons d’une carte animal (power) et d’une carte qualité. Ils gagnent des factors si les cartes jouées sont jugées pertinentes soit par le joueur actif soit par les autres. La partie s’achève quand chacun a un totem. Certes, celui qui le plus de factors gagne mais tout le monde kind vainqueur, enrichi de la manière optimistic ! De three à eight joueurs, 20 à 30 min la partie, à partir de eight ans.
Totem (Sport Circulation), 18,90 €. store.totemteam.com
LE PLUS RÉTRO DADA
Ce grand classique, qui ressemble beaucoup au Pachisi indien, au patolli méso-américain ou au yutnori coréen, serait apparu en France en 1936. Les joueurs disposent de un ou deux pions-chevaux qu’ils font progresser sur le plateau en lançant les dés. Pour bien faire, on se fournira chez Jeujura, spécialiste des jeux et jouets en bois depuis plus de cent ans. 2 joueurs et plus, 30 min la partie, à partir de three ans.
Jeux de petits chevaux et de l’oie, plateau avec plumier en bois, Jeujura, 23 €. jeujura.fr
LE PLUS EXPLOSIF
Sorte de model humoristique de la roulette russe. Les members tirent des cartes jusqu’à ce que l’un d’entre eux pioche un Chaton explosif, qui le dynamite et l’élimine de la partie. De 2 à 9 joueurs, 10 à 20 min la partie, à partir de 7 ans.
Exploding Kittens, 20 €. explodingkittens.com
LE PLUS POÉTIQUE
Le joueur-conteur sélectionne une carte et énonce, en laissant libre-court à son creativeness, un thème par rapport à l’illustration. Les autres en choisissent une évoquant ce même thème. On mélange puis on révèle toutes les photographs. Il faut retrouver la carte du conteur, qui gagne des factors si son thème n’est ni trop easy ni trop complexe. De three à 12 joueurs, 30 min la partie, à partir de 7 ans.
Dixit (Libellud), 30 €. libellud.com
LE PLUS TRASH
C’est la star des jeux iconoclastes qui séduisent les ados en ce second. L’idée est de rire de tout grâce à des combinaisons de mots à l’esprit transgressif (xxx). Il en existe trois variations et 6 extensions de 200 cartes. De three à 12 joueurs, 15 à 30 min la partie, à partir de 18 ans.
Blanc-manger Coco, 27 €. blancmangercoco.com
LE PLUS AUTO-ÉVALUATIF
« Tu te mets combien ? » Le however de ce jeu, créé par une bande de potes, accros aux checks de connaissances et aux jeux d’apéro, est d’être le premier à parcourir le plateau en répondant aux questions posées sur une multitude de sujets. Chaque équipe prédit le nombre de bonnes réponses qu’elle donnera. Si elle tombe juste, elle avance du nombre de instances correspondant à sa observe d’auto-évaluation. Sinon, elle reste sur la même case jusqu’au prochain tour. Jusqu’à 16 joueurs, 30 min la partie, dès 14 ans.
TTMC ?, 34,90 €, 13,90 € l’extension, chez JouéClub.tutemetscombien.fr