“On perd du temps, on perd du carburant, on a besoin de cette route pour travailler !” Nathalie Chantreau, infirmière libérale à Pionnat et Ajain (Creuse) est en colère. Depuis près d’un an, la route départementale 16, qui relie les deux communes à la N145 menant à Guéret est coupée sur quelques dizaines de mètres au lieu-dit La Marchize, entre les deux villages. Pour faire sa tournée, elle doit donc faire un détour de près de 6 kilomètres, through Saint-Laurent. “A 1,64 euro le litre de gasoil, ça devient très compliqué”, s’inquiète-t-elle.
“On paye pourtant des impôts”
En février 2021, des infiltrations d’eau sont détectées au niveau de la digue d’un étang, là où passe la route. Le propriétaire est mis en demeure deux mois plus tard par la préfecture de sécuriser la digue, et d’en assurer la surveillance. En décembre 2021, les providers du département, propriétaire de la route, effectuent une visite. “Constat a été fait que le niveau de l’eau était toujours aussi élevé, voire même légèrement supérieure à la normale, suite aux fortes précipitations. Les travaux n’avaient pas été engagés par le propriétaire”, écrit le Conseil départemental qui a à nouveau saisi la préfecture.
Depuis, rien ne bouge. “Tant que le propriétaire n’aura pas engagé les mesures qui lui incombent, il ne sera pas attainable de rouvrir l’axe à la circulation, la sécurité des personnes et des biens ne pouvant être garantis en l’état actuel”, justifie le Conseil départemental. Mais les habitants en ont assez. “On paye pourtant des impôts, comme tout le monde c’est aussi pour ça”, s’agace Isabelle Martin. L’assistante maternelle vit et travaille à quelques pas de la digue.
“Les mother and father doivent faire des détours pour emmener leurs enfants, alors ils trouvent d’autres modes de garde. J’ai des locations qui ne sont pas pourvues.”
Même problème pour son mari, garagiste. “Les shoppers se cassent le nez sur la barrière, alors ils ne reviennent plus !” Sans compter les délais rallongés pour l’intervention des secours, qui inquiète Isabelle et ses voisins.
750 signatures pour la réouverture de la route
Dans le bourg d’Ajain, les commerces accusent aussi le coup. La boulangerie, la pharmacie et la supérette ont perdu de nombreux shoppers, qui préfèrent maintenant aller à guéret plutôt que de faire le lengthy détour jusqu’ici.
– Ninnog Louis
Après avoir interpellé le département à plusieurs reprises, Isabelle et Nathalie ont lancé une pétition pour réclamer la réouverture de la route. Elle a été signée par plus de 750 personnes et envoyée au conseil départemental. “On n’a pas eu de retour pour l’instantaneous”, explique Isabelle. “Ce qui m’inquiète, c’est qu’on n’ait aucun calendrier. Qui sait si cette route ne va pas rester fermée encore 5 ou 10 ans ? Alors qu’on en a besoin !”