Pour vivre avec la Seine, et non sous la Seine, donnons lui des droits ! C’est le titre d’une tribune écrite par le député PS de Seine-Maritime Gérard Leseul et trois candidats socialistes aux prochaines élections législatives en Seine-Maritime, Christine de Cintré élue à la ville de Rouen, Djoudé Mérabet maire d’Elbeuf et Kader Chekhemani adjoint au maire de Rouen. Selon eux le climat est “l‘affaire du siècle” et il faut donner à la Seine “une personnalité juridique afin de mieux la protéger”. Ces élus de la métropole rouennaise suggèrent également une alliance des parlementaires de l’Axe Seine, en complément du travail déjà effectué par les maires du Havre, Rouen et Paris.
“On va devoir adapter nos comportements et s’adapter à la montée des eaux” souligne le maire d’Elbeuf Djoudé Merabet qui ajoute “qu’en donnant une identité morale à la Seine et à la nature on introduit cette idée qu’on la préserve.”
Il faut donner des droits à cette Seine, il faut la protéger”. Khader Chekhemani
Plus concrètement le GIP Seine-Aval publie également cette semaine une étude sur les inondations dans l’estuaire de Seine, du barrage de Poses à la mer. Le Groupement d’intérêt public constate une aggravation à venir de la vulnérabilité du territoire face au risque d’inondations par débordement de la Seine liées à l’élévation du niveau marin et suggère des pistes pour gérer les inondations futures du fleuve.
Le risque inondation est une réalité pour l’ensemble de l’estuaire de la Seine. Jean-Philippe Lemoine
Pour Jean-Philippe Lemoine, chargé de mission au GIP Seine-Aval, “ces phénomènes sont trop complexes et trop rares pour estimer s’ils sont plus ou moins fréquents et intenses qu’il y a 30 ans. En revanche notre étude montre que le risque inondation est une réalité pour l’ensemble de l’estuaire de la Seine. (…) Mais il ne faut pas paniquer, notre étude montre que ceci n’est pas une fatalité et que la création de zones d’enlargement des crues peut permettre de limiter cette augmentation” conclue Jean-Philippe Lemoine.
Retrouvez-ci dessous l’intégralité de la tribune des élus PS: “Pour vivre avec la Seine, et non sous la Seine : donnons-lui des droits !”
Il y a quelques semaines un quotidien nationwide publiait les projections sur les communes de France de l’affect en 2100 de l’élévation du niveau de la mer et des crues décennales, à partir des conclusions du dernier rapport du GIEC. Si la trajectoire des émissions de gaz à effet de serre et le réchauffement climatique devaient rester au même rythme qu’aujourd’hui, plusieurs communes de l’Axe Seine verront leur superficie se rétrécir, parfois de façon non négligeable. Pour la plupart d’entre elles, c’est plus du tiers de leur territoire qui est menacé. Ce bouleversement touchera habitat, espaces naturels, mais aussi outil industriel, si intégrés pourtant à l’identité de notre vallée de la Seine. Nous devons regarder en face cette réalité, qui interroge notre histoire et notre relation au fleuve. Lookup ! Nous sommes aujourd’hui confrontés à une évolution à l’échelle planétaire. Elle est très concrète ici à Rouen et dans la vallée de la Seine. Il n’y a pas d’different au Monde d’Après : mutation de l’économie, investissements massifs pour la rénovation énergétique de l’habitat, décarbonation rapide des mobilités, transformation des outils industriels, cela doit commencer aujourd’hui. Un récent rapport parlementaire sur la réindustrialisation prend justement pour exemple le développement économique de l’axe Seine, en encourageant les objectifs de décarbonation. Diminuer l’enjeu, en chercher d’autres, le cacher, regarder ailleurs, au second où les Français sont appelés aux urnes, serait tout simplement nier ses responsabilités.
Député au travail à l’Assemblée et candidats aux élections législatives, nous le disons web : cette affaire est celle du siècle, elle doit nous conduire à réinterroger notre rapport à notre environnement immédiat, favoriser rassemblement, synergies et focus sur les seuls investissements qui comptent, ceux qui préparent l’avenir…
Nous entrons dans le monde du changement, de l’adaptation : pour mieux vivre avec le fleuve, la Seine, il nous faut de plus en plus anticiper ses débordements, les préparer, intégrer l’affect de l’activité humaine dans une dynamique collective et plus vertueuse, travailler ensemble les conséquences d’une réalité qui avance et qu’illustre la montée progressive du niveau du fleuve. La loi, les financements, les investissements doivent nous y aider massivement. Voilà ce que nous voulons dire à l’Assemblée nationale. Depuis un an, dans une development qui dépasse les appartenances partisanes pour aller à l’essentiel, les élus de l’Axe Seine donnent l’exemple à travers les premières fondations d’une démarche inspirante : création d’un outil commun pour développer les énergies renouvelables, fabrication d’une gouvernance partagée, annonce d’un travail collectif pour développer la logistique en cœur urbain par la Seine. Dans le même temps, le nouvel établissement Haropa, seul port fluviomaritime d’Europe, publie des premiers résultats encourageants, même s’il faut encore progresser sur la multi-modalité (la half du fleuve dans le transport), talon d’Achille des Ports français. Ces exigences devront être confortées demain. Il faut y ajouter les investissements indispensables à l’amélioration des liaisons ferroviaires Paris-Rouen-Le Havre (voyageurs et fret), situation sine qua non de la mutation des mobilités de Paris à la Normandie, dont la concrétisation et la montée en puissance stagnent depuis trop d’années. Portées à plusieurs reprises par le député Gérard Leseul, ces propositions se sont trop souvent heurtées au mur d’une majorité déconnectée, méconnaissant les réalités territoriales. La législature qui s’achève n’aura donc produit aucune réelle avancée, faute sans doute de capacité d’motion du gouvernement et des parlementaires de la majorité sur ce projet depuis 5 ans. La structure d’une alliance des parlementaires de l’Axe Seine devra permettre de fédérer au Parlement les élus de toutes les tendances partisanes pour faire avancer concrètement la trigger de notre territoire.
Mais il faut y ajouter une dimension plus profonde, qui fera progresser l’intégration collective de ces enjeux dans le siècle qui vient. Parlementaires, nous voulons faire évoluer le droit. De nombreuses sources d’inspiration existent, partout dans le Monde, et aussi dans notre pays, du côté de la Loire en particulier, où s’est forgée une vaste réflexion sur la reconnaissance juridique des éléments naturels. Si la loi reconnait, depuis l’affaire Erika, que « toute personne responsable d’un préjudice écologique est tenue de le réparer », l’avancée est encore timide. Il est temps d’offrir un cadre protecteur plus puissant à notre patrimoine commun, la Seine, en la dotant d’une personnalité morale. Au 19e siècle, en donnant la personnalité juridique aux entreprises, aux associations, notre droit a favorisé le développement économique et politique de la Nation. En l’élargissant aux éléments naturels, il ouvre une scène à l’ensemble de la vie à l’intérieur et autour du fleuve pour construire un équilibre qui intègre toutes ses composantes.
Le fleuve est tout à la fois un repère historique, un imaginaire culturel mais aussi l’axe de développement économique et touristique de tout un territoire. La Seine est vivante, ses méandres sont autant de mouvements que d’appels au voyage. Reconnaissons-lui la personnalité juridique pour mieux la protéger. Faisons de la Seine un territoire qui prend conscience des enjeux climatiques et qui ne faiblit pas face à la tâche, un territoire qui illustre de façon exemplaire les enjeux des temps nouveaux.
Signataires: Gérard LESEUL, Député de Seine-Maritime Et les candidats aux élections législatives : Christine de CINTRÉ, Elue à la Ville de Rouen et à la Métropole Rouen Normandie en cost de la candidature Rouen Vallée de Seine, Capitale européenne de la Tradition en 2028, Kader CHEKHEMANI, Adjoint au maire de Rouen, Djoudé MERABET, Maire d’Elbeuf-sur-Seine, 1er vice-président de la Métropole Rouen Normandie.