Traduit par
Clémentine Martin
Publié le
30 juin 2023
Les présentations high fashion attireront bientôt les femmes de milliardaires et les princesses du Golfe à Paris. L’event de découvrir l’exposition Yves Saint Laurent – Formes, qui retrace la carrière du plus grand couturier du demi-siècle dernier.
Novatrice, concise et enrichissante, l’exposition suggest une nouvelle imaginative and prescient de Saint Laurent, concentrée sur son sens de la géométrie et son fashion architectural avec des pièces tirées de ses célèbres archives regroupant des articles de mode, des accessoires, des affiches et des croquis.
Fruit d’une collaboration partielle avec l’artiste Claudia Wieser, l’exposition a ouvert ses portes en juin. Les céramiques et les designs de l’artiste berlinoise créent un intéressant dialogue.
Pour une fois, les magnifiques kaléidoscopes de couleurs généralement associés à Yves Saint Laurent sont laissés de côté pour se concentrer sur son sens de la géométrie, incarné par une gown écrue ceinturée frappante de sobriété, remontant à son époque chez Christian Dior, et par des combinaisons au stylish futuriste. Plusieurs séries de chapeaux et de visières métaphysiques tirés de défilés allant de 1966 à 1991 capturent le sens de l’élégance sculpturale du couturier. Les graphismes audacieux de la assortment Pop Artwork d’Yves Saint Laurent en 1966 sont aussi présentés, tout comme l’affiche du défilé, montrant Iman Abdulmajid Bowie en tailleur cubiste en patchwork photographiée par Man Marineau.
À l’étage, un espace entier est dédié à une série de seems to be noirs et blancs de high fashion et de prêt-à-porter, entrant en résonance avec les formes en céramique de Claudia Wieser. Une petite porte permet d’accéder au studio d’Yves Saint Laurent, où son bureau, ses papiers, ses crayons et ses objets fétiches semblent n’avoir jamais bougé. Un seul look y est présenté: la célèbre veste Mondrian rouge, blanc, bleu et jaune de 1980.
Commissionnée conjointement par la directrice du musée Elsa Janssen et sa commissaire en chef Serena Bucalo-Mussely, c’est une exposition indispensable à voir pour tous les passionnés de mode et les fashionistas qui passeront par Paris au cours de la semaine prochaine. Et fort à propos, puisqu’elle sera consacrée à la high fashion. Elle peut être vue à la maison historique de Saint Laurent, au 5 avenue Marceau.
Nous avons saisi cette event pour rencontrer Madison Cox, le président de la fondation Pierre Bergé et Yves Saint Laurent, qui dirige le musée parisien et son équivalent à Marrakech. Il nous parle de l’exposition et de ses projets. Paysagiste de renom et esthète reconnu, Madison Cox a repris la fondation après Pierre Bergé, le grand amour de Saint Laurent. Originaire de San Francisco, Madison Cox a épousé Pierre Bergé en mars 2017, six mois avant son décès.
Aujourd’hui, Madison Cox trouve le temps de préserver avec aplomb l’héritage de Saint Laurent et supervise en même temps la restauration de trois jardins européens historiques.
FashionNetwork.com: Pourquoi avoir centré cette exposition sur les formes d’Yves Saint Laurent?
Madison Cox: Cela s’inscrit dans notre approche. L’exposition est commissionnée conjointement par la nouvelle directrice du musée, Elsa Janssen, à qui nous devons aussi notre précédente exposition Gold, celle qui a connu le plus grand succès à ce jour. Plus de 130.000 personnes l’ont visitée en cinq mois. C’est un chiffre vraiment remarquable pour un petit musée dans une ville comme Paris, qui a une offre culturelle impressionnante.
La précédente exposition que nous avons organisée célébrait le soixantième anniversaire de Saint Laurent. Elle a eu lieu au musée, mais aussi dans cinq grands musées parisiens. Avec plus de 100.000 visiteurs, c’était notre deuxième exposition la plus visitée. Mais l’approche de Gold était vraiment novatrice et c’était la première réalisation d’Elsa en tant que nouvelle directrice. Elle a parfaitement illustré cette nouvelle approche, faisant dialoguer l’œuvre d’Yves Saint Laurent avec des artistes contemporains de façon avant-gardiste.
Cette exposition d’Yves Saint Laurent est envisagée d’un level de vue scénographique par l’artiste allemande Claudia Wieser. C’est une femme très intéressante, qui vit à Berlin. Elle discover les formes géométriques, les couleurs et les volumes. Ses créations sont à la fois picturales et céramiques. En collaboration avec les commissaires Elsa et Serena (Serena est aussi la conservatrice des collections) et avec notre département archives, elle a choisi des vêtements, des accessoires et des croquis pour représenter ce idea. C’est un dialogue passionnant, une approche que nous adoptons depuis deux ans, depuis que nous avons commencé à présenter le travail d’Yves Saint Laurent dans le contexte d’un musée des Beaux-Arts et non pas d’un musée de la mode.
FNW: Qu’aimeriez-vous que les visiteurs pensent quand ils verront l’exposition?
MC: J’espère qu’ils vont comprendre l’ampleur du travail de cet homme, dont la carrière s’est étendue sur quarante ans, et qu’ils percevront la vibrance et le modernisme qu’il incarne. Et qu’ils apprécieront son caractère contemporain. Cette exposition montre l’intégrité d’un homme dont le travail a des fils conducteurs qui relient tout ce qu’il a fait. Les formes et les volumes font partie de ces fils rouges. Il jouait en permanence avec les proportions. Comme un architecte concevant des buildings, Yves construisait des vêtements avec des tissus. Vous verrez que certains seems to be sont pratiquement impossibles à dater. Même si la mode évolue constamment, il a gardé une ligne de continuité. J’aimerais que la jeune génération découvre Yves Saint Laurent et s’en encourage.
FNW: Vos archives sont donc centrales dans cette approche?
MC: Oui, et c’est ce qui nous distingue de la plupart des autres maisons. Dès le premier jour, Yves et Pierre ont conservé une mémoire. Dès le début, pour être complètement transparents, ils ont gardé des esquisses, des croquis et des patrons. Toute la correspondance a été préservée, tous les clichés montrant qui était assis où, tous les carnets de commande. Au départ, en revanche, les vêtements n’étaient pas systématiquement gardés, pour une raison très easy: ils devaient vendre les prototypes pour gagner de l’argent. À cette époque, aucune maison de mode ne gardait d’archives. Tout ce qui était vieux était déjà démodé. Quand Yves Saint Laurent travaillait chez Dior, dans les années 1950, personne ne gardait ses collections.
FNW: Où sont vos archives?
MC: Juste au-dessus de votre tête. Cela fait partie de l’extraordinaire transformation de ce lieu. La maison de luxe avec deux étages de salles de travail et de studios a été transformée en musée. Et toutes ces salles de travail sont devenues des salles d’archives, avec un contrôle de la température, and so on. Il y a plus de 7.000 vêtements et presque tous sont catalogués. Plus de 60.000 œuvres papier, des croquis, des dessins et des annotations. 15.000 accessoires et énormément de chaussures. Ce qui était une entreprise commerciale est devenu un musée, une archive et un espace d’exposition. Puis trois ans avant le décès de Pierre Bergé, un musée qui exposait principalement l’œuvre de Saint Laurent.
FNW: Vous proposez généralement deux expositions par an pendant cinq ou six mois?
MC: Oui, automotive les vêtements commencent à se déformer si on les laisse trop longtemps sur un model. Les vêtements sont faits pour être portés. Mais si on les porte beaucoup, ils commencent à perdre leur forme. La préservation des textiles, de la mode et des œuvres sur papier est bien plus compliquée que la conservation de peintures à l’huile ou de sculptures en pierre, en raison de la nature des matériaux.
FNW: Exposez-vous parfois d’autres artistes?
MC: Oui, au début, nous avons présenté plusieurs expositions d’autres artistes comme David Hockney qui a exposé ses premières œuvres sur iPad, ou Jean-Michel Frank. Mais depuis la réouverture, il y a cinq ans, nous nous concentrons principalement sur Yves Saint Laurent dialoguant avec l’artwork contemporain.
FNW: Remark se fait-il qu’Yves et Pierre aient conservé leurs archives quand ils ont vendu à François Pinault?
MC: Les archives étaient leur patrimoine. Et peut-être que François Pinault n’en a pas voulu, il faudrait demander à Kering. Il faut remettre les choses en perspective: à l’époque, les archives n’avaient aucune valeur. On ne voyait pas l’significance ou le besoin de les garder. Cela peut sembler étrange en 2023, mais en 2002, c’était tout à fait regular. Quand Hubert de Givenchy a vendu son activité à Mr Arnault, ses archives lui sont restées sur les bras. Personne n’en voulait. Elles étaient perçues comme des vieilleries et on ne voulait que du neuf.
FNW: La relation entre la marque et le musée s’est un peu distendue à un second donné, n’est-ce pas?
MC: Je dirais que nos relations étaient un peu conflictuelles. Mais aujourd’hui, je ne pourrais pas rêver d’un meilleur partenariat. Francesca Bellettini (la directrice générale de la marque Saint Laurent) est au rez-de-chaussée au second où je vous parle. Nous avons des rôles clairement définis et très différents. Et nous sommes deux entités différentes qui travaillent ensemble. À la fin, Pierre Bergé ne cachait pas que ses jours étaient comptés. Il avait une tumeur et sa santé s’est dégradée très rapidement durant sa dernière année de vie. C’était un homme clever et il avait bien conscience de ne plus avoir toute la vie devant lui. Lui et moi avons évoqué ensemble un sure nombre de problèmes, et je lui ai demandé si Francesca Bellettini ne devrait pas rejoindre le conseil. Cela ne s’était jamais fait auparavant. Aucun représentant de la maison ou de Kering n’était impliqué. Mais en juin 2017, l’année où Pierre est décédé, nous avons changé tout cela.
FNW: Remark voyez-vous votre rôle?
MC: Je suis le président de la fondation, qui regroupe deux associations à however non lucratif qui contrôlent les archives, le bâtiment et le musée. Au Maroc, nous contrôlons le Jardin Majorelle et un espace d’exposition à Marrakech. Mon rôle consiste à assurer les activités principales des deux fondations: préserver et promouvoir l’œuvre d’Yves Saint Laurent. Je dois garder ces deux entités vivantes, dynamiques et les faire évoluer avec leur temps.
FNW: Remark était le Jardin Majorelle quand ils l’ont racheté?
MC: Ils ont fait leur premier voyage à Marrakech en 1966. Pierre racontait qu’il avait plu pendant quatre jours et qu’ils tournaient en rond à l’hôtel. Ils n’avaient qu’une hâte: sortir. Mais le cinquième jour, quand ils ont vu le ciel bleu et dégagé et les montagnes enneigées, ils ont décidé d’acheter une maison. En 1966, ils ont acheté une petite maison dans la médina. Mais en 1975, ils avaient suffisamment d’argent pour s’offrir une propriété avec un jardin et une piscine. Ils ont commencé par acquérir une maison adjacente au Jardin Majorelle, qui était la propriété de la veuve du peintre Jacques Majorelle. En 1980, ils ont visité le jardin, qui était ouvert au public mais pratiquement à l’abandon. Ils savaient par un ami que Mme Majorelle était décédée. Et tous les membres de la famille, qui étaient nés au Maroc, avaient émigré en France après l’indépendance du Maroc. La famille avait vendu le jardin à un consortium d’entreprises locales, qui avait déposé des demandes de permis de construire pour bâtir un complexe hôtelier. Mais le roi Hassan II a déclaré la zone protégée et le consortium a perdu tout intérêt pour le jardin. C’est ainsi que Pierre et Yves ont pu le racheter.
FNW: Cinq créateurs se sont succédé à la tête de la path artistique de Saint Laurent: Alber Elbaz, Tom Ford, Stefano Pilati, Hedi Slimane et aujourd’hui Anthony Vaccarello. Avez-vous assisté à leurs défilés?
MC: Eh bien, non. J’ai assisté à un ou deux défilés d’Hedi. Je ne suis pas un féru de mode. Je ne me suis pas installé à Paris pour voir des défilés. Mais je suis allé à Berlin voir le défilé d’Anthony Vaccarello et j’ai vu sa dernière présentation au Trocadéro. Je le trouve brillant de par sa capacité à adapter et à revisiter l’univers de Saint Laurent. J’admire profondément ce que lui et Francesca accomplissent. C’est vivant, c’est contemporain. Je voyais Alber à Tanger, et j’ai rencontré Tom Ford mais je n’ai jamais assisté à ses défilés, ni à ceux de Stefano Pilati.
FNW: Mais vous êtes principalement paysagiste de occupation?
MC: Oui, vous ne le saviez pas? Je suis paysagiste. Je travaille à côté de Good sur deux projets. L’un est la rénovation de la villa Santo-Sospir, décorée par Jean Cocteau. C’est un projet authentic, elle va être rénovée pour retrouver l’facet qu’elle avait après la Deuxième Guerre mondiale. L’autre projet est la villa Maryland. C’est une maison construite au début du XXe siècle, qui a un jardin extraordinaire. Elle appartenait à Paul Allen. Je ne peux pas vous dire qui est son propriétaire actuel. Et je travaille sur un jardin extraordinaire dans les environs de Dieppe, appelé Bois des Moutiers et construit par Edwin Lutyens. Je suis très actif dans ma occupation. Ici, je ne suis pas le directeur du musée, je suis le président de la fondation. Et je vis entre le Maroc, dans une maison sur la propriété de Majorelle, et New York, dans le West Village, sur Christopher Road. J’apprends en permanence de nouvelles choses. Je travaille avec des gens qui font pousser et cultivent des plantes. Hier, j’étais à la villa Maryland. Même si Paul Allen est décédé il y a cinq ans, son jardin et son potager ont été impeccablement préservés, presque royalement, je dirais. Les jardins reflètent la personnalité de leurs propriétaires. Ils changent, ils évoluent et ne sont jamais les mêmes. Un arbre, un buisson, une vigne peuvent un jour devenir envahissants. Et ce qui me fascine, c’est que rien n’est figé dans le temps. Au jardin Normandy, nous avons passé deux ans à nettoyer le bois mort, les buissons et les branchages. Il y avait des arbres à foison, mais il fallait rouvrir la vue. Ce que j’adore dans mon métier, c’est que rien n’est jamais pareil.
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