FactuelA Good, où le taux d’incidence du Covid-19 est deux fois plus élevé que dans le reste du pays, l’année débute dans la morosité, alors que le couvre-feu est avancé à 18 heures ce samedi.
Au Palais des expositions, à Good, des chaises dessinent un arc de cercle dans un coin du corridor démesuré. Assise juste au milieu, une étudiante annonce avec entrain : « Chez nous, on dépiste free of charge. » Ici, 32 000 Coton-Tige ont déjà été utilisés depuis le mois d’août et, au plus fort de la pandémie, le maire, Christian Estrosi, avait fait venir de Chine un bateau rempli de masques, alors que la France en manquait à l’époque. Pendant longtemps, les Alpes-Maritimes se sont senties protégées, affichant l’étiquette « zone verte », la moins touchée par le Covid. Hélas. Il y a quelques jours, le ministre de la santé, Olivier Véran, a annoncé au maire que la ville avait viré au « rouge-rouge », raconte un adjoint municipal.
Aujourd’hui, le département enregistre un taux de positivité deux fois plus élevé que celui du pays, avec 320 cas positifs pour 100 000 habitants. En attendant son dépistage, l’étudiante sur sa chaise essaie de se rappeler la dernière « manifestation normale » qui s’est tenue au Palais des expositions. Aucun memento. C’était jadis, il y a dix mois à peine, au début de 2020, cette année particulière. A quoi s’attendre pour la suivante ? Le compte à rebours a commencé.
Près de la promenade des Anglais, il faut pousser la porte de la supérette Carrefour Metropolis, rue Meyerbeer. L’expérience semble banale. En réalité, on vient de pénétrer dans un réseau souterrain. « J’ai l’impression de vivre dans cette série où des gens qui ont tout perdu se réfugient clandestinement dans les sous-sols de New York », s’amuse Cyria Boumared, cadre dans l’éducation nationale. Ce 31 décembre 2020, à 9 heures du matin, elle empile dans un carton des crevettes, des pâtés fins, du saumon, autant de réveillons qui n’auront jamais lieu. Cette année, les Airbnb et les hôtels sont restés déserts, aucun touriste. Les ventes ont culbuté de 25 % à la supérette, le prix moyen d’un panier diminue de jour en jour.
Au début, la patronne, Henda Neffati, donnait ses invendus aux grosses associations, mais beaucoup ont fermé avec le premier confinement. Alors, elle est tombée sur le réseau de Cyria Boumared, chaîne de solidarité informelle comme il s’en est tissé à travers Good. La patronne arrête froidement ceux qui se risquent à la plaindre : elle n’a aucun remorse. Son vœu pour 2021 sonne même étrangement dans la grande distribution. « Le Covid peut devenir une likelihood pour que le monde s’prepare. Il faut consommer moins. »
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