Entre la réception des premières pictures du télescope James-Webb
et le lancement, le 29 août, d’une nouvelle mission vers la Lune, Invoice Nelson s’est offert un mini-tour de France. Vendredi à l’Élysée, puis chez ArianeGroup aux Mureaux (Yvelines), le patron de la Nasa
, en poste depuis un peu plus d’un an, a réaffirmé l’significance de la collaboration avec les Français, les Européens et même les Russes. À bientôt 80 ans, l’ex-sénateur démocrate de Floride a l’intention de vivre encore quelques épisodes de la conquête spatiale.
Le JDD l’a rencontré à Paris, en compagnie de la numéro deux de l’agence spatiale américaine, Pamela Melroy, administrateur-adjoint. Cette ancienne astronaute et pilote d’essai de l’armée de l’air est l’une des deux seules femmes à avoir été commandante de la navette spatiale américaine. A leurs côtés, Robert Cabana, administrateur associé de la Nasa, ex-astronaute lui aussi et ancien directeur du centre spatial John F. Kennedy en Floride. Des hommes vivront-ils un jour sur Mars ? « Absolument ! », répondent-ils d’une même voix.
Remark avez-vous réagi face aux clichés du télescope James-Webb
?
Invoice Nelson : Nous avons eu la likelihood de les voir avec quelques jours d’avance. Nous étions comme des gosses émerveillés ! Quand nous les avons présentés au Président, Joe Biden, et à la vice-Présidente, Kamala Harris, à la Maison-Blanche, eux aussi étaient comme des enfants. La toute première picture montre une zone du ciel équivalant à un grain de sable tenu à bout de bras. , obtenue en six heures d’remark. Des images comme celle-ci, obtenue en six heures d’remark, le télescope pourra en prendre pendant vingt ans et balayer tout le ciel ! Sur ce premier cliché, on voit une galaxie qui s’est formée il y a 13,1 milliards d’années. Mais on va pouvoir encore remonter dans le temps et se rapprocher de la formation de l’univers, il y a 13,eight milliards d’années.
Que va-t-on découvrir ?
Invoice Nelson : Grâce à la précision de ce télescope à infrarouge, nous allons observer ce qu’on n’a jamais vu, comprendre l’évolution de notre univers, composé de galaxies comme la nôtre, avec sa Voie lactée et ses milliards d’étoiles. Jusqu’à la découverte du scientifique Edwin Hubble, il y a quatre-vingt-dix-huit ans, on ne savait pas qu’il existait d’autres galaxies ! Aujourd’hui, nous parlons de milliards de galaxies comptant chacune des milliards d’étoiles… Nous serons capables de voir des exoplanètes et leurs soleils, mais aussi d’analyser la composition chimique de leur atmosphère.
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Pourrait-on y trouver de la vie ?
Invoice Nelson : C’est notre mission : nous cherchons la vie partout. Les scientifiques ont déjà détecté la présence de vapeur d’eau autour d’une exoplanète semblable à Jupiter. Or, s’il y a de l’eau, il peut y avoir de la vie ! C’est aussi ce que nous cherchons sur Mars. Nous coopérons avec la France et l’Europe dans le cadre de la mission Mars Pattern Return. Avec le rover Perseverance, nous récoltons des échantillons avec l’objectif de les rapporter sur Terre en 2031.
Pour la première fois depuis cinquante ans, l’homme va à nouveau fouler le sol de la Lune. En quoi consiste cette mission Artemis ?
Invoice Nelson : Le 29 août, nous espérons voir décoller la plus grande fusée jamais lancée, avec à son bord le vaisseau américain Orion dont l’Agence spatiale européenne (ESA) fournit le module de service. On ne retourne pas sur la Lune pour deux ou trois jours comme lors des missions Apollo. Cette première section d’Artemis, inhabitée, durera trente à quarante jours et permettra de vérifier le bon fonctionnement de tous les équipements. Dans deux ans, nous enverrons un équipage de quatre astronautes, qui testeront les systèmes de survie à bord, sans alunir. Enfin, à la fin de l’année 2025, deux astronautes, dont pour la première fois une femme, poseront le pied sur la Lune. Nous visons le pôle Sud, où il y a potentiellement de l’eau. Cela nous permettrait de produire du carburant pour les engins spatiaux. L’objectif à terme est d’établir une présence humaine sturdy, pour apprendre et concevoir ensemble tout ce qui sera nécessaire pour aller en sécurité sur Mars… et en revenir.
Thomas Pesquet a-t-il une likelihood de faire partie de cette aventure ?
Invoice Nelson : C’est au directeur général de l’agence européenne, Joseph Aschbacher, de choisir parmi les astronautes des pays membres, et je suis heureux de ne pas avoir à en décider ! Thomas Pesquet est glorious astronaute et, en plus, il ressemble à une star de cinéma.
Quels sont les plus grands défis à relever pour aller sur Mars ?
Robert Cabana : Envoyer des robots constitue déjà un problem et à chaque fois que nous y parvenons, c’est un véritable accomplissement. Mais y emmener des hommes, c’est bien plus complexe. Il faut leur fournir de l’air, gérer le CO2… Et savoir remark revenir sur Terre, parce qu’on n’envisage pas un aller-simple.
Pourra-t-on vivre un jour sur la planète rouge ?
Invoice Nelson : Absolument ! Au cinéma, Matt Damon a déjà démontré que c’était potential, non ? Il a même fait pousser des patates sur Mars !
Vous avez annoncé le 15 juillet la reprise de vols conjoints avec les Russes vers la Station spatiale internationale (ISS), suspendus depuis des mois. La guerre en Ukraine
ne menace-t-elle pas cette coopération ?
Invoice Nelson : Elle n’affecte pas de manière significative notre travail. Il y a juste eu quelques remarques inopportunes de la half de l’ancien chef de l’agence spatiale Roscosmos, Dmitri Rogozine, qui vient d’être démis de ses fonctions. Les relations entre cosmonautes et astronautes, comme au niveau du commandement, à Moscou et à Houston, sont très professionnelles, amicales même, parfois. Un astronaute américain, Frank Rubio, volera en septembre à bord d’un Soyouz russe, et une cosmonaute russe, Anna Kikina, s’entraîne actuellement à Houston et décollera d’un vaisseau américain. Nous avons besoin des deux équipes pour faire fonctionner l’ISS. Cette coopération remonte à 1975 et ne s’était pas arrêtée même en pleine Guerre froide avec l’Union soviétique. C’est necessary qu’elle se poursuive. Nous espérons que les Russes continueront jusqu’à la fin de l’exploitation de l’ISS en 2030.
Justement, quel avenir pour la Station spatiale internationale ?
Robert Cabana : Nous avons l’intention de prolonger sa vie jusqu’en 2030. Ensuite nous cesserons d’opérer dans cette set up qui est assez coûteuse. Notre objectif est de développer une économie commerciale en orbite terrestre basse [« Low earth orbit », entre 160 et 1000 km de la Terre] et d’avoir des stations de surveillance là-haut. Depuis la première mission d’assemblage de l’ISS, en 1998, à laquelle j’ai eu le privilège de participer, nous avons mené des recherches cruciales. Nous avons appris remark vivre et travailler dans l’espace dans la durée, étudié la façon dont l’organisme humain s’adapte, mené des recherches en santé, testé des systèmes qui seront utiles pour aller sur la Lune et sur Mars… Et malgré les tourments politiques actuels sur Terre, nous continuons à travailler de façon professionnelle avec nos partenaires à bord.
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Il y a vingt ans, nous ne savions pas vraiment vers quoi nous allions avec l’ISS et cette collaboration s’est révélé fabuleuse
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C’est la fin d’un symbole de collaboration internationale pacifique ?
Robert Cabana : Non. L’ISS a constitué un modèle de cet effort conjoint. En allant sur la Lune et sur Mars, nous poursuivons cette coopération. Tous les accords que nous avons scellés, y compris avec la France la semaine dernière sur Artemis, posent les fondations de la façon dont nous établirons notre présence dans le système solaire.
Pamela Melroy : Il y a vingt ans, nous ne savions pas vraiment vers quoi nous allions avec l’ISS et cette collaboration s’est révélé fabuleuse. Nous voulons continuer ainsi. Pour aller sur la Lune, vers Mars et au-delà, il est essentiel que l’humanité s’unisse, automobile tout ce que nous ferons créera des précédents. C’est ça, la mission Artemis : initier un dialogue entre nous. Nous savons que lorsque l’homme sortira du système solaire, des divisions et des problèmes surgiront. C’est notre job de maintenir cela le plus potential à distance, et, avec nos partenaires et alliés, de donner le meilleur de l’humanité.
La Chine affiche le deuxième finances mondial consacré à l’espace. Peut-elle vous dépasser ?
Invoice Nelson : La Chine a un très bon programme spatial, et je pense que nous allons mener une course vers la Lune. Nous voulons être les premiers pour éviter que la Chine arrive et dise : « C’est chez nous, vous restez dehors. » Les Chinois sont très secrets and techniques, ils ne sont pas transparents. La France vient de signer une déclaration de principes sur la façon d’utiliser l’espace à des fins pacifiques et d’entraide. La Chine ne la signera pas.
Craignez-vous la création d’un axe Moscou-Pékin aux dépens de la coopération spatiale ?
Invoice Nelson : Il faut être attentif à la possibilité d’une coopération militaire. Mais je peux vous dire que les Russes sont très sensibles au fait que les Chinois pourraient essayer de voler tous leurs secrets and techniques. À mon avis, il leur sera difficile de s’unir.
Que pensez-vous de l’implication de milliardaires comme Elon Musk ou Jeff Bezos dans le spatial ?
Invoice Nelson : Regardez ce qu’Elon Musk fait avec Area X. Les six premiers mois de l’année, il a déjà procédé à 30 tirs de fusées. Elles ne transportent pas seulement des satellites commerciaux, mais aussi des vaisseaux spatiaux pour la Nasa, des satellites d’remark militaire et d’autres pour des missions scientifiques. La contribution de ces milliardaires est indispensable, va continuer et nous l’encourageons. Nous devons pouvoir nous reposer sur ce kind d’investisseurs par des partenariats public-privé.
Êtes-vous à l’aise avec l’idée que l’espace devienne leur nouveau terrain de jeu ?
Invoice Nelson : Notre objectif est clairement d’établir une activité commerciale dans la zone dite « de basse orbite », d’y créer un écosystème rentable. Cela permettrait à la Nasa de se désengager de cette zone – sauf pour l’entraînement d’astronautes ou des recherches scientifiques – afin de consacrer ses moyens à d’autres missions. On a toujours vu, dans l’histoire des États-Unis, de grandes fortunes investir dans des projets risqués, comme le chemin de fer ou dans l’aviation. Ils répondent à des appels d’offres en tant que sociétés privées, en respectant les règles du droit industrial. Ils ont financé leur entreprise avec leur propre argent. L’espace est pour eux une véritable ardour, comme c’est le cas pour Elon Musk.
Nous traversons une imprecise de chaleur inédite. Qu’est-ce que l’espace peut nous apprendre sur le climat ?
Invoice Nelson : On peut tout voir depuis l’espace. Nos caméras sont si puissantes que nous pouvons sans doute identifier chaque individu ! En novembre, nous lancerons la mission conjointe franco-américaine Swot, qui mesurera pour la première fois le niveau de l’eau douce : lacs, torrents, rivières, réservoirs… Au cours de la prochaine décennie, la Nasa et ses partenaires internationaux vont mettre en orbite cinq grands observatoires satellitaires (Earth System Observatory) qui fourniront des mesures précises sur les terres, l’eau, la glace et l’atmosphère. Ces données nouvelles s’ajouteront à celles dont nous disposons déjà pour créer un composite 3D : le Centre d’data sur la Terre. Un lieu réel, comme un centre de commande pour une mission, mais aussi une pièce virtuelle, accessible à tous, jusque dans les écoles. Nous aurons une compréhension en temps réel de notre climat.
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Cette planète, nous devons en prendre soin
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L’étude de la Terre est-elle une des priorités de la Nasa ?
Invoice Nelson : Oui, et la plupart des gens n’en ont pas conscience. Nous consacrons un finances de eight milliards de à la science au sens giant, dont une grande half pour l’remark du climat. Ce sont nos installations là-haut qui permettent de savoir ce qui se passe sur notre planète ! Et même quand elles sont opérées par une agence comme la Nooa (Agence américaine d’remark océanique et atmosphérique), c’est nous qui avons conçu, construit, lancé ces devices. Et c’est nous qui combinons ces données afin de les fournir au monde entier.
Robert Cabana : Grâce à nos projets internationaux sur le climat, dont de nombreuses missions conjointes avec la France, nous pouvons partager nos informations et mieux comprendre les changements de températures de l’air et des océans, de composition de l’atmosphère… En tant qu’astronautes, nous avons tous les trois eu la likelihood d’observer la Terre d’en haut, une imaginative and prescient magnifique. Mais la high quality couche bleue de l’atmosphère qui nous protège apparaît si fragile ! Cette planète, nous devons en prendre soin.
Pamela Melroy : Le climat terrestre est un système distinctive. En recueillant des mesures individuelles, sur quelques hectares ou sur 10 km2, cela ne vous raconte pas toute l’histoire. Depuis trente ans, notre travail a surtout consisté à comprendre l’histoire du climat de la Terre et à mesurer ses évolutions. Nous avons développé des modèles basiques pour nous aider à prédire le futur. À présent, nous arrivons à la deuxième imprecise de données. La série de satellites composant le projet Earth System Observatory va nous aider. Nous devons trouver des paramètres clés qui rendront ces modèles plus fiables, plus précis. Un exemple : certains modèles estiment que la poussière minérale refroidit le climat en se répandant dans l’atmosphère ; selon d’autres, elle le réchauffe ! Il faut donc mesurer ce phénomène pour déterminer son affect réel. C’est l’objectif d’une expérience lancée le 15 juillet dans la Station spatiale internationale.
Cela peut-il déboucher sur des options concrètes ?
Invoice Nelson : Oui, ces données aident déjà les fermiers de l’ouest des États-Unis, où sévissent de fortes sécheresses. Les devices sont si sophistiqués qu’ils peuvent analyser si tel champ ou telle plante manquent d’eau. Et indiquer où cette eau est disponible. L’enjeu est aussi d’expliquer les causes et de livrer les preuves du changement climatique, pour convaincre tous ceux qui doutent encore de sa réalité. Et il y en a. Certains croient encore que la Terre est plate !