Autrefois appelé “mont-de-piété”, “ma tante” ou “le clou”, le prêt sur gage apparaît comme un remède à la crise pour les plus précaires. Alors que l’inflation atteint un niveau record, de nombreux Girondins se tournent vers le Crédit municipal de Bordeaux “pour remplir leur chariot de supermarché ou payer leurs factures“.
“J’ai déposé mes bijoux, ça fait mal mais on n’a pas le choix” (Fatima, auxiliaire de vie à la retraite)
Avec 700 euros de pension de retraite, Fatime “n’arrive plus à vivre”. Cette Bordelaise est contrainte d’échanger ses bijoux contre quelques centaines d’euros. “Tout a augmenté, ça fait 36 ans que j’habite à Bordeaux, je n’ai jamais vu ça”.
“Nous revoyons des personnes qui ne venaient plus nous voir ces dernières années”
Directeur du Crédit municipal de Bordeaux, Thierry Fauchard témoigne d’un regain d’activité depuis plusieurs mois. “Je me souviens de cette dame retraitée, qui venait engager ce qui lui restait chez elle. Elle avait apporté un briquet en or et la bague qu’elle portait à son doigt. Elle est repartie avec un prêt de 400 euros. On voyait qu’elle était dans une grande détresse”.
“On avait des soucis parce qu’on était interdits bancaires” (Isabelle et Alain)
Jeune maman célibataire, Arielle a déposé des bijoux en gage “pour pouvoir emmener ses enfants en vacances”. “Emmener mes enfants à Disney, je ne peux pas le faire avec mon salaire. En ce second, c’est hyper difficile.”
“De plus en plus de personnes qui ont du mal à finir le mois”
Si certains shoppers du Crédit municipal n’osent pas s’exprimer sur leurs difficultés, Isabelle et Alain eux le disent sans ambages. “On avait besoin d’argent pour payer les factures. Nous n’avions pas assez de revenus”. Interdit bancaire depuis 2020, le couple de retraité a déposé bagues, colliers et bracelets.
“Nous avons énormément d’activité à partir du quinze du mois” ( Thierry Fauchard, directeur du Crédit municipal de Bordeaux)
“Nous sommes là pour aider les personnes qui sont exclues des circuits bancaires”, explique Thierry Fauchard. Les personnes endettées, “très largement débitrice sur leurs comptes ou qui sont fichées Banque de France, elles n’ont plus de views pour pouvoir avoir de l’argent. Pour pouvoir vivre, elles ne peuvent plus emprunter. Et du coup, on est souvent leur dernier recours.”
Plus de 9 propriétaires sur 10 récupèrent leur bien
Le Crédit municipal de Bordeaux guarantee que 95 % des objets sont récupérés par leur propriétaire. Après un ou deux ans d’emprunt (période pouvant être prolongée), les shoppers doivent rembourser l’argent prêté. Ceux qui n’y parviennent pas voient leurs bijoux ou autres objets de valeur être revendus aux enchères.
“Une médaille en or, deux pendentifs avec saphir, une bague de diamants…”
Parmi ces biens laissés en gage que les Girondins n’ont pu rachetés se trouvent des bagues en or, des colliers de diamants, des stylos Mont-Blanc ou encore ces six bouteilles de Château Cheval Blanc 1er Grand Cru classé de Saint-Emilion 2014. La caisse va être vendue aux enchères ce jeudi (9h39-16h30) au Crédit municipal de Bordeaux.
Les personnes n’ayant pu rembourser leur prêt peuvent néanmoins toucher une partie des recettes des ventes aux enchères. C’est ce qu’on appelle le boni. Thierry Fauchard prend l’exemple d’une personne “venue faire un prêt sur gage de 200 euros et qui ne peut pas rembourser son gage”.
La cliente doit un capital de 200 euros auquel s’ajoute 20 euros d’intérêts. “Nous allons mettre en vente aux enchères son bien et compte tenu du cours de l’or très haut, son bijou pourrait se revendre 500 euros. On va alors récupérer les 220 euros qui nous étaient dus. Et les 280 euros restants reviendront à la personne qui a fait le prêt. Une manière de boucler la vocation sociale“, affirme le directeur du Crédit municipal de Bordeaux.