La chimie n’a aucun secret pour les équipes de CRODA. Bientôt centenaire, le groupe né en Angleterre est installé à Chocques depuis 2006. Il y a déjà beaucoup investi, et c’est loin d’être fini ! Poussons la porte d’un web site classé Seveso three où on n’entre pas sans montrer patte blanche.
Isabelle Mastin, photos Ludovic Maillard
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CRODA, bientôt centenaire
1925 : c’est la date de naissance du groupe CRODA, mais pas à Chocques. C’était en Angleterre, dans le Yorkshire. Un entrepreneur, M. Crowe, et un chimiste, M. Dawe, associent leurs compétences… et leurs noms : CRO d’un côté, DA de l’autre. « Au départ, l’activité était très liée à l’économie locale, elle reposait sur la graisse de laine de mouton transformée », raconte Jean-Jacques Gillot, directeur général des opérations du groupe pour l’Europe de l’ouest.
Le développement à l’international n’est arrivé que bien plus tard et, au gré d’acquisitions stratégiques, CRODA a étendu son savoir-faire à toute une gamme de produits d’hygiène, cosmétiques et pharmaceutiques. Dans la galaxie CRODA, on peut citer SEDERMA, une société française spécialisée dans la cosmétique dont les actifs se retrouvent dans les produits Sisley, Guerlain, LVMH…) ; INCOTEC ; AVANTI…
CRODA, à Chocques depuis 2006
En 1927, une usine chimique voit le jour à Chocques, elle s’appelle Marles-Kulhmann. En 1983, le site passe dans le giron d’Atochem, avant d’être racheté par le Britannique ICI deux ans plus tard. Des noms qui résonnent localement : ils ont fait travailler des générations d’habitants. CRODA arrive dans l’histoire en 2006, en rachetant ICI, deux fois plus gros que lui.
Sur une quarantaine de pays où CRODA est implanté, la France, avec cinq implantations, se hisse au 2e rang après l’Angleterre. Chocques revendique « une dimension stratégique pour la société. » L’effectif est allé de 130 personnes en 2006 à 192 à ce jour pour un site qui ne dort jamais (hors un arrêt de 20 jours tous les 18 mois pour la maintenance).
Que fabrique-t-on chez CRODA Chocques ?
De l’extérieur, on aperçoit de vastes et complexes enchevêtrement de tuyaux aériens à travers lesquels nous emmène Christian Galucci, le directeur du site dont l’accent brésilien résonne à Chocques depuis 2018. La logique domine dans l’agencement : matières premières, production, stockage, expédition… Pour résumer, CRODA traite deux matières premières essentielles, les oxydes d’éthylène et de propylène. L’alcool, l’eau, les variations de températures… permettent à l’usine d’en tirer une gamme de plus de 150 produits. Leurs destinataires ? Ceux qui font votre quotidien : pharmacie, cosmétiques, industrie (traitement de l’eau, lubrifiants…). « Nous sommes un site multi business, résume Jean-Jacques Gillot. On développe des polymères ».
L’œil expert de Christian Galucci se promène sur les sept lignes de production, dont la dernière, qui répond au doux petit nom de K68, a été inaugurée en 2017, un investissement de 18 M € dédié à des tensioactifs ciblant de nouveaux marchés. C’est ce qui frappe sur le site : des bâtiments de briques anciens, et d’autres tout récents : un vient de sortir de terre, qui sera inauguré en septembre, il permettra d’optimiser la solidification et le conditionnement des produits (dans la zone blanche, où l’air est filtré en permanence, « on s’approche des critères de qualité pharmaceutiques »). Un bâtiment très robotisé.
Seveso 3, pourquoi ?
Seveso 3, ça veut dire seuil haut, qu’on n’entre ici qu’en montrant patte blanche et qu’à la moindre alerte, les pompiers déclenchent un plan d’intervention spécifique. Rappelez-vous en mai 2015, une odeur suspecte avait semé l’émoi et mobilisé les secours toute la nuit – sans qu’heureusement rien de toxique ne soit décelé.
Quel est le risque principal ? Il tient surtout « au stockage des matières premières », au risque toxique dans l’air en cas d’explosion. Un risque géré à la base par l’structure des bâtiments : système de « cloche » pour contenir le souffle, murs capables de se déformer sans se rompre…
IL faudrait dans ce sens réfléchir à la TVA l’impôt le plus inégalitaire… En ce qui concerne les producteurs, il faut effectivement les payer au jus…Lire plus