Vivre en France et gagner sa vie en Espagne, ou l’inverse. C’est le quotidien de plus de 3.800 Basques qui traversent la Bidassoa pour se rendre au travail. Ces transfrontaliers sont en grande majorité – 85% selon l’Euro région – des Espagnols qui habitent en France et travaillent en Espagne. France Bleu Pays Basque a rencontré le profil inverse : David habite Irun et travaille comme agent d’entretien à Hendaye. Portrait.
“Je traverse la frontière plusieurs fois par jour”
La traversée de la frontière franco-espagnole ne se fait pas au volant d’une voiture pour David, mais à bord de la ligne ferroviaire “Topo” qui part de Hendaye pour ensuite desservir le Pays Basque Sud jusqu’à Saint-Sébastien. “Je passe la frontière quasiment deux ou trois fois par jour“, sourit le transfrontalier, appuyé contre un mur.
David est agent d’entretien à la gare SNCF de Hendaye, mais habite avec son épouse et sa fille à Irun. Il emprunte ce trajet en train depuis 22 ans, une routine, “je prends le bus, je prends ensuite le Topo, et je descends ici, et inversement“. Une vingtaine de minutes chaque matin et soir, avec quelques avantages. Son salaire mensuel de 1.400 euros lui permet d’avoir un pouvoir d’achat plus conséquent en Espagne.
Impôts et charges sociales, la double peine
David est en revanche confronté à une “double peine“. D’un côté, il travaille en France avec des charges sociales plus élevées qu’en Espagne, et de l’autre il fait face à une fiscalité plus lourde car il habite en Irun. “Quand je déclare les impôts, c’est tout le temps entre 2.500 et 3.000 euros“, souffle David, car là-bas le salaire net est de 700 euros, il ne faut pas dépasser les 12.500 euros dans l’année, et je dépasse, donc ils me sabrent.” La douloureuse est montée jusqu’à 6.000 euros une année.
Dans le même temps, il est assujetti à des charges sociales plus importantes, elles sont de 18% en moyenne en France, contre 7% en Espagne. “Je perds vraiment au change, je paye plus de sécurité sociale, donc je me faits avoir des deux côtés“, regrette David. Le transfrontalier souhaite revenir un jour s’installer à Hendaye, mais son épouse est fonctionnaire, ce qui complique ses projets de dérangement du couple. De plus, le prix du marché de l’immobilier à Hendaye est particulièrement tendu.